01 mars 2006

Grands-mères...

Dis au moins le sais tu que tout le temps qui passe ne se rattrape guère, que tout le temps perdu ne se rattrape plus...

Dimanche c’est la fête des grands-mères.

Je n’aime pas cette fête qui n’existait pas dans mon enfance : mes grands-mères étaient dans l’autre monde depuis bien longtemps quand cette fête a intégré notre calendrier.
Mon fils aîné étant devenu père en 2003, je suis donc devenue grand-mère à la même date mais cette situation ne m’évoque pour le moment que des mots tels que différence, distance, silence, absence, indifférence, souffrance… Quel est celui qui a entraîné les autres et creusé ce fossé infranchissable entre ma belle-fille et moi ? Ce que je ressens est trop intime pour avoir sa place ici…

Mais j’ai envie de vous parler de mes grands mères.



De Jeanne-Marie, ma grand-mère paternelle: celle qui a été très présente tout au long de mon enfance et avec qui et chez qui j’ai passé de 3 à 10 ans plus de temps que chez mes parents qui travaillaient beaucoup et qui avaient jugé plus simple que ce soit elle qui me « garde » tandis que ma sœur aînée était dans un pensionnat de jeunes filles. .
La dite sœur détestait la pension et enviait ma situation tandis que moi j’enviais la sienne ;-)
Fait on jamais ce qui convient quand on est parents ?
Quoi qu’il en soit, bien que j’ai fantasmé sur les délices supposés de la vie en pensionnat, j’étais tout de même assez consciente des avantages de ma situation d’enfant choyée par sa grand-mère….Et j’ai des souvenirs émus des moments auprès d’elle le soir sous la lampe (la TV n’existait pas, du moins pas chez ma grand-mère... ) à feuilleter les albums de photos familiaux et à l’entendre raconter par le menu l’enfance de mon père, la sienne, à redire encore une fois des anecdotes déjà cent fois répétées mais que j’avais l’impression de redécouvrir à chaque fois … J’en ai gardé une passion pour les photographies anciennes et les choses du passé.

De Marthe, ma grand-mère maternelle ardéchoise que j’ai beaucoup moins fréquenté. Pourtant à y bien réfléchir, je lui ressemble bien plus que je ne ressemble à ma grand mère paternelle :
Je n’ai qu’à me souvenir des armoires bien rangées de Jeanne-Marie et des inventaires à la Prévert possibles dans la maison de Marthe pour le constater ;-)
Mais quand j’étais petite, Marthe m’impressionnait beaucoup. je crois qu’elle ne savait pas trop comment parler aux jeunes enfants et c’était tout sauf une mamie confiture; je suis passée à côté d’elle . Et Marthe a quitté ce monde avant que je n’aie envie de commencer à dialoguer vraiment avec elle..
Il y a par ailleurs plein de pans de leur vie à toutes les deux qui m’intriguent et que je ne peux qu’essayer de reconstituer à partir du peu que je sais.
Quand j’étais petite, certaines choses m’échappaient et évidemment les questions qui me venaient n’étaient pas les mêmes que celles que je me suis posée plus tard.
Devenue jeune adulte, j’étais trop pressée de mordre dans ma vie pour prendre le temps de m’intéresser à celle de mes grand-mères et quand j’ai pris conscience des bonnes questions, la pudeur et la timidité m’ont souvent retenue de les poser et puis très vite elles n’ont plus été là pour y répondre…Et ce que je peux obtenir comme réponse de mes parents est partiel et surtout de « seconde main » déformé par le prisme de leur propre sensibilité.
Trop tard, il est trop tard…

Les livres sont un refuge :
Pour retrouver un peu de l’atmosphère de l’Ardèche méridionale qu’a connu Marthe, je viens de mettre dans mon panier Amazon deux livres :
Les Cahiers de Sophie : Notre grand-mère à tous
d’Hélène Gimond
Ce qu’en dit l’éditeur :
1879. Banne, hameau reculé à quelques pas de Vögué. Sophie Cardinal, alors âgée de trente ans, écrit dans le secret de ses veillées solitaires les premières lignes de son journal, confiant à ses cahiers les petites choses de son quotidien, mais aussi ce qu'elle ne peut - et ne veut - dire à personne. 1914. La Grande Guerre tonne au loin. Les dernières lignes des cahiers s'attardent sur l'attente de l'annonce des prochains morts, ceux dont Sophie se refuse à écrire les noms. Entre ces deux dates, Sophie raconte trente-cinq années d'une vie paysanne des plus rudes, alors que les maladies se répandent sur le vignoble et les vers à soie, détruisant les meilleurs espoirs de revenus, alors que choléra et inondations anéantissent vies et biens... Trente-cinq années de bonheur aussi, ou plus souvent de joies simples, de veillées autour du tuage du cochon et des feux de la Saint-Jean, prétextes au récit d'anecdotes navrantes ou burlesques aux travers desquelles se lit la réalité de toute une époque charnière. Avant tout roman d'une vie modeste et sincère, Les Cahiers de Sophie renouvellent la littérature ethnographique, offrant un plaisir de lecture inégalé.

Et pour réfléchir à la question de la transmission
Grands parents et grands parentalités

Présentation de l'éditeur
Les grands-parents sont-ils des représentants du passé ou de nouveaux seniors dynamiques et disponibles ? Les modalités de leur construction identitaire, de leur présence et leur diversité ne correspondent pas à ces visions réductrices. Comment se sent-on grand-parent ? Par quels processus le devient-on ? Que sait-on des effets de la présence du grand-parent sur le développement de l'enfant ? Autrement dit, " à quoi ça sert " un grand-père ou une grand-mère ? Quelles sont les valeurs, les représentations concernant leur rôle et leur place ? Comment les conditions d'exercice de cette fonction se sont-elles transformées durant ces dernières décennies ? Cet ouvrage présente une série de contributions dans les champs psychologique, psychanalytique, sociologique et juridique, qui viennent interroger la place des grands-parents, mais aussi l'ensemble de la famille. Trois types d'approches permettent de croiser les points de vue : l'une centrée sur les grands-parents eux-mêmes, l'autre sur les petits-enfants, la dernière plus générale sur les formes de la " plurigrand-parentalité " contemporaine en lien avec les nouveaux modes d'organisation familiale dans divers contextes socioculturels. Destiné à tous les professionnels et les spécialistes de la famille ou du domaine psychologique, sociologique, éducatif, pédagogique et social, cet ouvrage ouvre des perspectives aux grands-parents eux-mêmes pour penser leur relation à leurs (petits)-enfants.


Marie, nostalgique.

Pour finir sur une note gaie, la délicieuse Granny de Lily Witch (qui a le bonheur d'être une vraie grand-mère )

5 commentaires:

  1. Anonyme10:53 AM

    Je t'envoie plein de pensées affectueuses, Marie. Je pense toujours avec beaucoup de tendresse à mes grands-mères: Madeleine, celle qui a été une seconde mère pour moi et que je voudrais avoir encore près de moi et Marthe, plus lointaine et déjà très âgée quand je suis née mais qui a dû me transmettre le gôut de la broderie.

    RépondreSupprimer
  2. Anonyme10:54 AM

    Je t'envoie plein de pensées affectueuses, Marie. Je pense toujours avec beaucoup de tendresse à mes grands-mères: Madeleine, celle qui a été une seconde mère pour moi et que je voudrais avoir encore près de moi et Marthe, plus lointaine et déjà très âgée quand je suis née mais qui a dû me transmettre le gôut de la broderie.

    RépondreSupprimer
  3. Anonyme12:23 PM

    Bien des années après, je pense encore à ma grand-mère maternelle. Je l'aimais tendrement. J'aurais dû prendre plus soin d'elle et surtout lui poser plus de question sur sa vie présente et passé. Il est maintenant trop tard.

    Je suis contente de savoir que tu as des racines ardéchoises. J'en ai moi aussi. J'habite d'ailleurs le département d'à côté (la Drôme).

    Je pense à toi et souhaite sincèrement que tu pourras renouer les liens entre ton fils et toi.

    Amicalement
    Anne.

    RépondreSupprimer
  4. Anonyme8:49 PM

    de grand-mère je n'ai connu que la maman de ma maman. Elle m'a appris un tas de choses et notamment le crochet et la broderie blanche mais aussi l'espagnol et les bonnes manières. Elle a connu mes enfants et j'en suis ravie. Aujourd'hui elle n'est plus là... Marie, j'espère qu'un jour vous serez une grand mère heureuse

    RépondreSupprimer
  5. Anonyme12:35 PM

    De ma grand-mère Florentine, et celle d'ici, j'en ai gardé de très bons souvenirs. C'était très touchant de te lire Marie. J'espère que ta petite fille se rapprochera de toi . L'enfance c'est très important dans notre vie.Bisous

    RépondreSupprimer

Merci de votre participation :-)