05 avril 2014

Lulu

Marie des fées (c) Atelier des fées brodeuses 2014

Hier j'étais à Saint Fons près de Lyon pour la cérémonie de funérailles de ma tante maternelle, soeur cadette de ma mère. 
Lucienne dite Lulu ou la Lulu car dans sa famille on a gardé cette habitude paysanne, d'origine latine sans doute puisqu'on la retrouve en Italie, de faire précéder le prénom d'une personne d'un article.  
La Lulu donc.  
L'hommage qui lui a été rendu par ses nombreux petits enfants était émouvant et le portrait qu'ils en ont dressé très ressemblant: attachante souvent, attachiante parfois, capable d'emportements subits et violents  mais aussi capable de faire preuve d'une très grande douceur, très douée de ses mains ( peinture, dessin, couture, compositions florales...) écrivant des poèmes, cigale généreuse et souvent désargentée parce qu'elle mettait ses priorités dans des choses que les fourmis trouvent absurdes; souvent hyperactive mais succombant parfois à de longs moments dépressifs... 
Je ne l'avais pas vue ces dix dernières années et la maladie l'avait beaucoup diminuée l'obligeant à s'installer chez un de ses fils puis la coupant peu à peu du monde extérieur.  
Mais c'est quelqu'un qui a été important dans ma vie, plus précisément dans ma vie d'enfant. 
Sa personnalité son mode de vie son cadre de vie étaient si différents de ce que je connaissais moi fille presque unique ( ma soeur aînée avait 9 ans de plus que moi ) choyée certes mais vivant dans un univers trop calme, lisse, bien rangé et policé, sans beaucoup de fantaisie. 
L'univers bohème de ma tante, mère de 5 enfants d'ages très proches, vivant dans une minuscule maison rarement bien rangée ( c'est un euphémisme ) et souvent bruyante était tellement à l'opposé de ce que je connaissais qu'il inspirait à la fois fascination et répulsion à la petite fille trop sage que j'étais.  Mais il m'a ouvert les yeux et surement réveillé certains traits de mon caractère jusque là peu stimulés.  Combien de fois ensuite ais je entendu ma mère s'exclamer " tu es bien comme Lulu " - et dans son esprit ce n'était pas un compliment , quand elle me voyait rêvasser, broder, dessiner ou dépenser mon argent de  poche dans ce qu'elle appelait des " bêtises ".  Lulu et moi avions donc bien des choses en commun même si nous ne ressemblions pas physiquement. C'est  grâce à toi Lulu et aux gènes (cévenols) que nous avions en commun et que ton exemple a stimulés que j'ai je pense cette double personnalité  qui m'a conduit à des études de droit puis au métier d'analyste financier et aussi permis de devenir créatrice de samplers et accessoires de brodeuse.   
Bon vent au ciel chèreTata Lulu...